D'abord refuser le pire
Avec plus de 11 millions de voix accordées à Marine Le Pen, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, l’extrême droite atteint un record jamais obtenu au cours des 10 élections présidentielles qui se sont tenues sous la cinquième République. Cette situation inédite, liée au rejet de politiques ultralibérales et autoritaires menées au mépris des attentes et des besoins d’une large majorité de la population et dans la déconsidération des corps intermédiaires et de la société civile, met aujourd’hui Marine Le Pen en position de pouvoir devenir présidente de la République française.
Face à cette réalité, on ne peut tergiverser. L’extrême-droite est un poison. Lui donner les moyens de mettre en œuvre son programme c’est accepter que demain notre pays fonctionne sur la base de la détestation de l’Autre : l’étranger, l’homosexuel, la femme, le pauvre, le musulman, la militante des Droits… C’est prendre le risque d’un blocage institutionnel dès les élections législatives. C’est faire le choix de la paralysie économique, de la régression sociale et de la passivité écologique. Enfin, c’est tourner le dos à l’Europe.
C’est pourquoi la Ligue de l’enseignement appelle, non pas à voter pour le meilleur, mais à éviter le pire en faisant battre Marine Le Pen, ce qui nécessite de repousser toute tentation d’abstention ou de vote blanc en votant Emmanuel Macron. Dans un tel contexte, il faudra que le président montre sans ambiguïté qu’il a compris le message du premier tour.
Car les adhérents de la Ligue de l’enseignement ne sont pas dupes. De trop rares actions menées durant le dernier quinquennat peuvent être jugées positives mais la Ligue a des désaccords de fond sur de nombreux sujets importants sur lesquels elle ne cédera rien : justice sociale, politique éducative et de jeunesse, laïcité, politique associative, dialogue civil, politique culturelle, accueil des réfugiés, urgence écologique, politique sportive pour tous…
La Ligue de l’enseignement s’engagera, avec les mouvements d’éducation populaire et l’ensemble des organisations associatives, mutualistes, syndicales et politiques du champ républicain, à un dépassement individuel et collectif. Elle invite les forces de la société civile, à l’issue de ces élections présidentielles, à s’impliquer activement dans la refonte d’un pacte civique et social pour revivifier véritablement et durablement la République. Fidèle à son histoire, elle prendra toute sa place et ses responsabilités dans cette démarche qu’elle inscrit dans le seul intérêt général.